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Existe-t-il un tartan maçonnique ?

 

 

 

Le tartan en Ecosse :

 

Le tartan est une étoffe de laine à carreaux de couleurs, typique des peuples celtes. Il s'agit de lignes horizontales et verticales entrecroisées, autrefois de facture très simple, mais offrant aujourd'hui un grand choix de motifs pour tous types de vêtements. En fait, les kilts écossais (le mot vient d'une racine viking signifiant robe), ne sont eux-mêmes apparus que tardivement, en 1730, et sont quasiment toujours réalisés dans un tissu à motif de tartan.

 

Ces tartans ont d'abord été associés aux districts ou régions, et non aux familles. Après la défaite écossaise, lors de la bataille de Culloden en 1746, puis la signature de la paix qui scella l’intégration de l’Ecosse au royaume de Grande-Bretagne, un édit de proscription rendu effectif le 1er août 1747, marqua l’abolition du système des clans dans les Highlands, et interdit non seulement l'utilisation de la cornemuse, mais aussi le port du tartan, aussi bien aux propriétaires terriens, femmes et hommes, qu’aux soldats des régiments écossais.

 

Cette interdiction, dont la transgression était punie de 6 mois de prison, puis de 7 années d'exil en cas de récidive, va renforcer l’attachement des Ecossais à ce costume, devenu, pour cette raison même, un symbole national.

 

Après la publication de plusieurs ouvrages, au milieu du XIXème siècle, associant - d'ailleurs sans fondement, le tartan aux clans et aux familles écossaises, la tradition est établie d'associer un motif spécifique à chaque clan écossais. La vogue du tartan dépasse alors les frontières de l’Ecosse.

 

La demande ne fit que s’accroître sous l’impulsion de la Reine Victoria, qui s’en servit pour décorer sa résidence de Balmoral et le fit ainsi connaître dans toute l’Europe.

 

 

Existe-t-il un tartan maçonnique spécifique du tablier écossais ?

 

Lorsque la Grande Loge d'Ecosse est fondée en 1736, il existait approximativement 100 loges, dispersées en Ecosse. C'était principalement des  loges de tailleurs de pierre, bien qu'il y en eût quelques-unes dont les membres n'appartenaient pas à la profession, et au moins une dont aucun membre n'était opératif. La difficulté fut grande, pour la Grande Loge, de réguler les activités d'un si grand nombre de loges indépendantes.

 

En fait, la création de cette nouvelle structure connut un accueil des plus tièdes. Toutes les loges existantes furent invitées à l'allumage des feux, le 30 novembre 1736, à Edinburgh, mais seulement 33 y participèrent ou envoyèrent des délégués, parmi lesquelles 12 décidèrent de ne pas poursuivre leur activité au sein de l'obédience dont elles ne devinrent jamais partie intégrante. Ce ne fut qu'en 1891 que la dernière de ces loges indépendantes s'affilia à la Grande Loge d'Ecosse.

 

Afin d'être acceptée comme instance gouvernante, la Grande Loge dut accepter des compromis sur de nombreux points. Elle accorda ainsi un grand nombre de pouvoirs aux loges, ce qu'elle ne pouvait éviter, compte tenu de la grande antériorité de certaines d'entre elles qui détenaient déjà une large autonomie.

 

Pour cette raison, les loges sous Constitution Ecossaise sont indépendantes et souveraines, et elles ont leurs propres règles. La Grande Loge d'Ecosse entretient avec elles des relations qui diffèrent de beaucoup de celles existant dans les autres obédiences. Ces relations originales, de même que la culture et l''histoire du peuple écossais, a donc donné à la Maçonnerie écossaise un très caractère particulier.

 

Il n'existe pas de rituel écossais que l'on pourrait appeler "standard", bien qu'un rituel de ce type ait été adopté pour les tenues de Grande Loge et pour l'exportation. En théorie, il pourrait y avoir autant de rituels que de loges, bien qu'en pratique ces dernières adoptent un rituel existant et l'adaptent ensuite selon leurs aspirations.

Dans la même logique, les loges fondées après cette 1736 réclamèrent et obtinrent les mêmes prérogatives. Cela s'applique non seulement aux loges d'Ecosse, mais aussi à celles crées à l'étranger (Etats-Unis, Canada, Israël, etc.).

 

Les loges on conservé un grand nombre de leurs pratiques locales et traditionnelles qui diffèrent presque toujours d'un lieu à l'autre. C'est la raison pour laquelle les loges écossaises ont le droit de concevoir leurs propres rituels – dans les limites du raisonnable cependant.

 

Cette autonomie se manifesta par une large variété de rituels, mais aussi dans les pratiques et les organisations de ces loges. Le domaine le plus évident est celui des décors ou regalia, et notamment concernant les tabliers.

 

Une loge peut très bien adopter la couleur rouge pour ses décors dans une partie du pays, alors qu'un autre choisira la verte ou la bleue, ou différentes combinaisons de couleurs. Les plus anciennes loges ont conservé les motifs existants, et les nouvelles peuvent choisir à leur convenance.

 

Les raisons des choix opérés sont parfois obscures, mais le plus souvent elles reposent sur les intentions propres aux fondateurs. Par exemple, la loge Tullibardine-in-the-East, choisit le tartan Murray - celui des ducs d'Atholl, car John George Murray, Marquis de Tullibardine était Grand Maître à l'époque où la loge fut fondée en 1913.

 

De même, la loge Celtic, fondée en 1821, adopta le tartan Royal Stuart, avec l'intention avouée de promouvoir le port du tartan au sein du métier. C'était une façon romantique et tardive, de consacrer l'abolition, trente-six ans plus tôt, en 1782, de l'acte de proscription de 1746 abolissant les coutumes et traditions écossaises.

 

En résumé, plusieurs raisons spécifiques ont été identifiées, parfois avec humour, par la Grande Loge d'Ecosse elle-même,  pour le choix du tartan des décors :

 

- le tartan utilisé par le clan dont la zone d'influence est celle où est située la loge ;

 

- le tartan porté par un individu identifié, par exemple le Grand Maître Maçon au moment de la fondation de la loge ;

 

- le tartan déjà porté par la majorité des membres de la loge ;

 

- le tartan choisi pour des raisons romantiques, tel que le Royal Stuart, associé aux jacobites partisan de Bonnie Prince Charlie vaincu à Culloden (Charles Édouard Stuart [1720-1788], prétendant Stuart aux couronnes anglaise et écossaise, était le petit-fils du roi Jacques II d'Angleterre, également connu comme Jacques VII d’Écosse, qui avait perdu son trône en 1688).

 

- et le tartan choisis pour des raisons tout à fait subjectives parce que les motifs et couleurs plaisent aux frères de l'atelier….

 

En France, le tablier n'indique ni une région, ni une famille, mais le rituel que l'on pratique. Le tablier standard, tel qu'il a été défini en accord avec les autorités de la GLNF en 2000, puis repris tel quel par la GLTSO et le Grand Prieuré des Gaules, est ainsi orné du tartan « Royal Stuart ». Pour mémoire, ce tablier se porte sous la veste. En effet, la veste écossaise portée avec le kilt est plus courte qu'une veste ordinaire et ouverte pour laisser la place au sporran en cuir servant de poche.

 

Nota : Un F. nous a rappelé qu’un tartan universel avait été enregistré en 2004, pour les loges n’en possédant pas. Cela ne correspond évidemment pas à la tradition écossaise locale, ni au rite que nous pratiquons. Pour complément d’information suivre un de ces liens : http://www.utahgrandlodge.org/freemasons-universal-tartan.html

http://www.hiram.be/Un-tartan-maconnique-universel-pour-Francs-Macons_a4920.html

La Grande Loge d'Ecosse a, quant à elle, un tartan qui lui  est propre depuis 1736 :

http://www.grandlodgescotland.com/news/417-grand-lodge-tartan

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